Concours

Dimanche 28 janvier 7 28 /01 /Jan 16:03

Le 26 01 2006

 

Je viens de lire le conte d’ANDERSEN  bien loin de mes souvenirs.Je me rends compte que ce qu’on nous a fait lire étant enfant n’est qu’un condensé remanié du conte de l’époque, et que ce qui m’a beaucoup imprégnée, ce sont les illustrations.

 

Je ne me souvenais pas d’une grand-mère, mais du froid et de la misère, tout comme je n’avais pas associé la chaude rutilance des images à cette veille du nouvel an.

 

La malchance est déjà présente, elle perd ses pantoufles, l’une est écrasée par une voiture, l’autre chipée par un méchant gamin, elle est nu pieds dans la neige.

Elle n’avait même pas de vraies chaussures… Vieilles pantoufles, vieux tablier, la mière est bien là.

 

Pas de description de vilains gros bourgeois, ils doivent être issus des illustrations, mais des passants affairés qui ont leur réveillon à préparer, insouciants des autres.

Personne ne s’arrête, nul n’a pitié, oui, je retrouve bien l’idée qu’elle n’est pas du même monde.

Petite blonde miséreuse qui cherche le réconfort en craquant ses allumettes, qui rêve à chaque lueur chaude d’espoir de tous les biens terrestres qu’elle ne possèdera jamais, la chaleur du poêle, la magnifique table garnie d’une oie odorante, un arbre de Noël et lorsqu’elle tend la main vers l’arbre, elle ne choisit que la moins belle des merveilles qui y sont accrochées.

 

Humilité extrème, conditionnement à la résignation de sa condition, mais je ne ressens pas d’emblée à cette lecture le parallèle que j’ai établi avec les filles de joie, fille des rues, certes, inutile et transparente, condamnée à rester souffre douleur, inférieure, dotée de cette flamme qui anime les révoltés qui la pousse à rechercher la beauté simple et rassurante des petites choses ordinaires de la vie qui sont pour elle merveilles extraordinaires, mais révolte contenue et domptée par le poids de la religion.

 

Quelle transcription du conte ai je lue, quel impact ont eues les illustrations pour que j’en oublie l’image pourtant apaisante de la grand-mère pour ne me souvenir que de l’image de l’avilissement qui a conduit mon esprit vers l’assimilation à la prostitution ?

Il est certain que c’en aurait été l’issue, l’enfant tend les bras vers des images de bonheur, chaleur, nourriture et cadeaux, pour se réfugier vers l’image de sa grand-mère dans sa désillusion, la femme aurait tendu les bras vers l’homme seul dispensateur possible de beins terrestres et de plaisir.

 

Si elle ne prend pas immédiatement conscience de la mort qui arrive, l’idée se fait jour en voyant l’étoile descendre sur terre, et quand la grand-mère surgit au craquement ‘une allumette,  l’acceptation de la mort, son désir deviennent forts pour ne plus rester dans cette froide solitude, et pour atteindre la délivrance elle s’éteint enfin avec sa dernière allumette.

 

En fait, elle n’a plus le choix, plus rien pour se réchauffer, personne qui ne voit qu’elle existe, son délire l’emporte ers celle qui l’a toujours aimé.

La mort est embellie, enjolivée pour la rendre aceptable, et c’est la mort elle même qui rend la mort belle, car la grand-mère est bien morte.

On rejoint les siens, idéal si pratique car on aime les siens, on ne peut qu’avoir envie de les rejoindre.

Tout est fait en ce sens, pour annihiler tout esprit de révolte contre la faim et la misère, normalité des pauvres gens.

Elle va devant le trône de Dieu, honneur suprême, et j’avais bien ressenti le poids de la résignation religieuse qui excuse tout, Dieu l’a voulu.

Elle trouve la paix et la douceur dans le renoncement à  la lutte, dans les bras de sa grand-mère, pilier de la famille, laissant sa dépouille mortelle dans l’encoignure d’une porte et pour le comble, elle semble même sourire et avoir les joues roses de chaleur.

 

Et les passants , bêtes ou ignorants traduisent bien l’absence d’intérêt pour le sort de ces pauvres erres, le monde tourne bien sans eux.

Ce corps sans vie n’est pas plus que celui d’un chien errant, les larmes versées sont éphémères et n’engendrent aucune prise de conscience, pitié d’un instant.

 

Quelle ironie, l’apitoiement est pervers et stérile, il ne conduit pas pour le lecteur à tenter de chercher une vie meilleure mais à accepter sa condition.

 

J’avais donc perçu la misère, son acceptation conditionnée par le poids de la religion, la          résignation, l’absence de lutte contre l’inévitable, la délivrance induite par la fuite dans la mort, l’insigne honneur de paraître devant Dieu en cette occasion, le monde indifférent au sort des pauvres, cette différence entre deux mondes bien scindés qui ne se mélangent pas, la part d’animalité associée à la pauvreté.

Pourquoi personne ne s’interrogeait il devant cette supême récompense  accordée aux petites gens, finir ses jours devant le trône de Dieu, et pourquoi aucun bourgeois ne revendiquait il le droit de renoncer aux richesses pour accéder à cet honneur ?

L’hypocrisie était bel et bien établie, Dieu lui même, si les catholiques l’adorent, est pris pour un imbécile, utilisé à toutes fins utiles pour la serennité de ces bourgeois, instrumentalisé pour dominer le bas peuple.

L’image de la prostituée me tracasse, s’est elle imposée au fil du temps, insidieuse, par voie de conséquence et avec la prise de conscience des failles de la société ou est elle une image subliminale bien tapie derrière l’histoire ?

Craquer des allumettes comme on brûle sa vie, se réchauffer dans la rue à une flamme ou à un homme, aux nourritures terrestres, à l’envie pour fuir enfin l’image de la misère, sa propre image devenue insupportable dans la déchéance et pouvoir racheter ses péchers en étant purifié dans la mort.

L’imprégnation religieuse est présente à chaque ligne, fil rouge conducteur de la conduite à tenir, des mondes respectifs auxquels nous appartenons.

Par zibelyne - Publié dans : réflexions
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